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Un jardin fertile, aussi par : le travail en planche permanente

Nous sommes passés à la culture en planche permanente progressivement depuis les toutes premières années de ce millénaire. C’est un système agronomique qui repose sur des bases très simples, pour ne pas dire évidentes. Tellement simples et évidentes que je me demande encore maintenant pourquoi nous n’y avons pas pensé plus tôt…

typique du travail planche permanente, la reprise individualisée au cultibutte de planches buttées

Une drôle d’idée « toute simple »

L’agronomie en planche permanente (PP) consiste à réserver, en permanence ET d’une année sur l’autre,

  1. les allées exclusivement au passage des roues de tracteur ou des pieds de maraîchers : pour le tassement,
  2. les planches exclusivement à la culture des légumes : pour la qualité de sol.

Planche et allée : objectifs différents

Logiquement, on réalise donc des travaux différents dans la planche de culture et dans les allées. Les outils sont ainsi choisis ou modifiés pour :

  • ne plus faire de travail de sol profond derrière les roues : pour avoir des allée stables,
  • biner très superficiellement l’allée lors de chaque travail de la planche : pour en éviter l’enherbement
  • réaliser un travail « non-violent » sur la planche elle-même : pour respecter le sol.

Avantages agronomiques

Le système PP exporte les le tassement hors de la zone de culture. Et la portance de l’allée est augmentée d’autant. Parallèlement, la planche de culture est mieux structurée, elle ressuie mieux après les pluies.

Sachant que :

  • les conséquences du passage des roues ou des pieds ne se feront pas sentir dans la planche elle-même,
  • la terre de la planche elle-même moins tassée, ressuie beaucoup mieux

les possibilités d’intervention du paysan augmentent d’autant.

Photo d’allée remplie d’eau et simultanément semis de radis sur planche permanente ressuyée

Avantage organisationnel

Le système planche permanente facilite énormément l’organisation : puisque plus n’est besoin que l’ensemble d’un carré soit disponible pour sa reprise. Contrairement au labour, au bêchage, ou à l’action de tout matériel plus large que le tracteur lui-même, le travail devient possible planche par planche. TOUS les travaux peuvent être « individualisés à la planche » : mise en place, reprise après récolte, préparation de sol, occultation, semis, incorporation d’engrais vert, arrachage, etc… peuvent ainsi être faits sans attendre.

On valorise mieux le temps et la météo disponibles ! La méthode apporte donc beaucoup de souplesse.

Photo de planches préparées intercalées entre planches en engrais vert : souplesse possible

Évitement des outils rotatifs

La démarche s’accompagne aussi d’une volonté d’évitement des outils rotatifs :

  • bien évidemment pour la finition. Le fait est que le besoin de passer un outil du type rotovator juste avant le semis est le plus souvent signe d’une mauvaise préparation antérieure, (en conditions humides par ex)
  • mais aussi pour la reprise en fin de cultures.

Certains tentent de mettre au point d’autres itinéraires techniques, exclusivement avec des outils non animés. On peut effectivement reprocher aux outils rotatifs d’être

  • très technologiques (besoin de prise de force, renvois d’angle, transmission, etc)
  • violents (destruction de la faune tellurique)
  • agronomiquement dangereux (risque de semelle par lissage, d’émiettement excessif avec reprise en masse)
  • gourmands en temps de travail (vitesse d’avancement faible)
  • gourmands en matière (consommation moteur élevée, usure rapide, beaucoup d’entretien)
  • gourmands en finances : bien que les petits outils rotatifs importés soient assez bon marché, les outils  rotatifs maraîchers « classiques » à double rotor et leurs versions modernisées du type conditionneurs de sol – quelle appellation – coûtent « un bras », et le paysan, alors devenu manchot… soufre au travail !

Historique des motivations

Roger Raffin

Photo de Roger Raffin en appui technique à Pascal Pigneret au début du Biau Jardin de Grannod

Au tout début du troisième millénaire, Roger, technicien maraîcher de chambre d’agriculture (sans doute pour couronner sa proche fin de carrière par des actions bio d’éclat) organise des voyages de maraîchers dans quelques pays d’Europe. Et quelques sessions de formation dont une « travail du sol » de 3 journées avec « le gratin ». [1]= ce que le milieu compte d’agronomes chevronnés qui après être passés dans les placards officiels, figurent maintenant dans les longs métrages sur l’agriculture.

Problèmes de l’intensif Bio

Parallèlement apparaissaient chez quelques collègues, notamment de l’Isère, des problèmes récurrents de structure de sol (compaction, semelles, etc…) dans leurs parcelles à rotation intensive. Phénomènes peut-être accentués par l’emploi fréquent d’outils rotatifs. Et plus globalement liés au système intensif lui-même : travail de sol fréquent, retour très rapide d’un légume après un légume, peu d’engrais vert et encore en place un temps suffisant pour développer un enracinement profond, etc…

Deux pistes de réflexion

De tout ceci, il ressortait plusieurs conclusions qui peuvent sembler maintenant des évidences, mais que jusqu’alors à peu près personne n’avait mises en œuvre ensemble et systématiquement sur sa ferme :

Adapter le travail de sol

Pour protéger au mieux la structure du sol dans lequel poussent nos légumes,

  1. essayons d’éviter l’agressivité des outils rotatifs
  2. arrêtons de planter, semer où la roue d’un tracteur a auparavant tassé le sol en menant l’outil de préparation.

Chaque chose à sa place !!

  1. les légumes dans la terre souple de la planche, qui a été travaillée en respect de sa structure,
  2. les roues du tracteur et pieds de Biaux Jardiniers dans des allées tassées, qui deviennent stables,

et à terme les outils rotatifs bien rangés sous le hangar (…). Chacun toujours exactement au même endroit année après année. Ainsi la gamme des possibles grandit !

« Investir » en biodiversité

  • Par nature, la plupart des légumes sont récoltés avant d’avoir eu le temps de fleurir ou parvenir à complète maturité.
  • Par culture les pratiques maraîchères classiques sont intensives en fumure, travail de sol, rotation, etc…

Le risque est donc très grand

  • d’exploiter la terre et
  • d’artificialiser le milieu

par un travail humain intensif prégnant.

Techniquement appuyés par Roger Raffin puis son successeur Dominique Berry, nous avons ainsi choisi de favoriser la faune auxiliaire indigène par des bandes fleuries. En leur consacrant des planches entre celles en légume, et des espaces « improductifs » à  des pratiques complémentaires. Au plus près des légumes ET préférentiellement à l’abri des passages répétés et dérangeants, mécaniques et humains.

Photo de visite de nos essais bande fleurie par chambre régionale agriculture Rhône-Alpes en 2003
2003 Journée régionale technique chambre régionale d’agriculture Rhône-Alpes avec Dominique Berry présentant le suivi des premières bandes fleuries de notre Biau Jardin de Grannod.

References
1 = ce que le milieu compte d’agronomes chevronnés qui après être passés dans les placards officiels, figurent maintenant dans les longs métrages sur l’agriculture

Aller plus loin

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