Franchement, derrière un drainage çà ressemble un peu à Verdun il y a un siècle (un tout petit peu…), et la reprise de sol n’est pas des plus simples avec un petit tracteur de petit maraîcher diversifié…
…surtout pour un maraîcher travaillant en planche permanente = dont tous les outils sont conçus et / ou modifiés pour ne travailler que la planche, et jamais à plat ! Alors, plutôt que multiplier les difficultés en utilisant les quelques vieux outils non transformés restant du millénaire précédent, époque où les Biaux Jardiniers n’étaient pas encore en planches permanentes, nous préférons solliciter un collègue polyculteur-éleveur équipé «contemporain». En effet, Ronald, agriculteur conventionnel de la commune, produit lui-même l’essentiel de la nourritutre de ses porcs ; et il a abandonné le labour. Grâce à Ronald, le Biau Jardinier a donc accès à du matériel correspondant plutôt bien à son optique de travail du sol, matériel adapté pour la reprise, le déchaumage et le semis à plat. C’est à dire :
1 gros tracteur
un tracteur…
- de la puissance suffisante pour tirer des outils larges qui nivelleront mieux les reliefs laissés par le sous-soleur de la CUMA
- équipé de pneus très larges et à basse pression, qui tasseront donc assez peu le sol.
À noter que pour rentabiliser le dernier déplacement, le chargeur avait été attelé à l’avant ; c’est un outil bien pratique pour enfoncer des piquets, surtout quand on préfère ne pas les fendre en tapant dessus !
2 outils
qui sont tous les deux des outils «modernes» et «agronomiques» de grande culture en «non labour». Peu d’agriculteurs dans le coin utilisent ces techniques, et les Biaux Jardiniers sont bien contents de pouvoir, grâce à Ronald, accéder à ces matériels dont eux mêmes ne disposent évidemment pas sur leur ferme, surtout dans cette largeur !
Déchaumeur à disques
Le premier travail est fait avec le déchaumeur à disques avec système de rappui. C’est un outil d’incorporation d’engrais verts ou de prairies très efficace. Et qui a l’avantage de moins risquer de créer de semelle que les outils rotatifs à axe horizontal (de type rotovator présent chez quasi tous les maraîchers) en conditions un petit peu humides.
Le premier passage permet de supprimer le relief créé par la dent du sous-soleur qui avait drainé, de niveler la parcelle en douceur.
Et bien sûr de détruire et incorporer ce qui avait repoussé de la prairie permanente, de réduire les mottes que le travail des engins de drainage avait pu créer
Ce premier passage, réalisé entre deux pluies, avait déjà fait «du beau boulot» malgré les conditions «compliquées».
Plusieurs jours après (et après quelques pluies), un second passage de disques crénelés, apporte une finition suffisante pour envisager sereinement d’attendre le jour favorable pour le semis. Il permet de détruire la première levée d’herbe.
Semoir combiné de précision
C’est un semoir ET combiné ET de precision, qui permet, en un seul passage, une dernière préparation de sol et une très belle qualité d’implantation malgré la grande diversité de taille et forme des graines de notre mélange complexe d’engrais vert pluri-annuel diversifié. L’engin est composé de plusieurs parties :
- à l’avant, une herse rotative (à axe vertical) affine le sol sur la seule faible profondeur nécessaire au semis
- ensuite, un rouleau (noir) rappuie un peu la terre ameublie pour qu’elle ne soit pas «soufflée»
- puis les disques semeurs incorporent la graine de chaque rang à la profondeur souhaitée, puisque chaque élément est articulé individuellement,
- un petit disque assure un bon contact dans la terre
- et en fin, de petites dents courbées hersent le sol. Leur forme permet de rappuyer la terre,
ce qui amène un bon contact avec la graine et favorise la levée. Comme ces dents ne sont pas montées dans le sens agressif, elles ne risquent pas de trainer des matières organiques (comme le ferait un rateau) et de provoquer des irrégularités de répartition ou des bourrages.
C’est le genre de machine très sophistiquée et qui permet avec quelques réglages avant semis d’étalonner la répartition de la graine à partir d’un échantillon du mélange semé que l’on pèse. Une fois réglé, «çà va tout seul»… mais l’oeil averti des paysans vérifie quand même :
Vidéo
Résultat ? et ben çà a marché !
La météo prévoyait une période sèche, ce qui veut dire risque de mauvaise levée ; mais çà n’est généralement pas en plein juillet, au gros de l’été, que l’eau tombe le plus du ciel ; çà pouvait donc valloir le coup de tenter l’aventure puisque c’était le dernier moment possible avec encore peu de risque d’échec. Le Biau Jardinier avait donc choisi de prendre le risque. La levée a été laborieuse du fait de l’absence complète de pluie après le semis.
Et çà a été très long, très échelonné. C’est dans ces moments là que les Biaux Jardiniers arpentent chaque jour la parcelle : pour voir où çà en est. Ça ne change évidemment rien du tout à la réalité du terrain… Ça permet juste de «se ronger les ongles en plein champ»… mais aussi de constater qu’il y a tous les jours de nouvelles plantes qui lèvent.
Il y a donc au final pas mal d’irrégularités ; mais çà commence à couvrir à peu près correctement : c’était donc le bon choix de risquer le semis. Ouf !
Comme il y avait une trentaine de plantes différentes dans le mélange «made in Biau Jardin de Grannod», et notamment plusieurs annuelles de pleine saison, çà devrait aller, au moins dans un premier temps.
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