Les derniers engrais verts avaient bien poussé grâce aux températures douces : le Biau Jardinier a pu les broyer samedi il y a 8 jours…
… et ainsi participer la conscience tranquille au voyage de maraîchers en Bretagne qui a eu lieu en début de semaine dernière. Une grosse douzaine de maraîchers, trois techniciens dont un de la station d’essai : les heures de train ont vite passé. Le partage des casse-croûte a été d’autant plus agréable que François, maraîcher diversifié en arboriculture et vigne, installé depuis quelques années en paniers, avait apporté un échantillon de sa première cuvée de cote rôtie.
Et le lundi avant les aurores, nous avons rejoint, en bus puis à pied, au fond d’une infâme zone industrielle de Brest, les minibus de location pour se rendre chez Goulven. C’est depuis quelques décades notre fournisseur de semence bio d’échalote.
Nous avons aussi pu voir son système traditionnel de forçage des endives :
heureux pays où il ne gèle à peu près pas ! Au cours de la visite, il y a eu bien des choses à noter.
6 marchés par semaine, avec répartition des cultures entre 4 fermes pour limiter la dispersion. 10 salariés sur la ferme. La transmission de la ferme à des jeunes est en route.
Nous attendait chez lui Manu Bué, le technicien bio du Finistère, qui nous a ensuite guidé chez le président de la section bio de la SICA de Saint Pol de Léon ( prince de Bretagne). Visite d’un «carré» de chou-fleur
D’un » carré» de brocoli;
Comme les choux-fleur, les brocoli sont récoltés avec un tapis d’assistance à la récolte. avec calibrage et mise en cagette ou palox direct dans la remorque. Quand la récolte est complète, il faut 4 cueilleurs plus une personne dans la remorque qui calibre, range, et règle le tracteur par télécommande
Bref, la bio «sérieuse» celle qui expédie, garnit les rayons des magasins biocoop et autres.
En fin d’après midi, nous sommes arrivés chez l’ami Bruno, dont le Biau Jardinier a fait connaissance lors des réunions parisiennes du groupe d’expert semences potagères biologiques créé par le ministère de l’agriculture en 2004 auquel nous participons à ce titre l’un comme l’autre.
Maraîcher, Bruno est un poète de la biodiversité : 80 variétés de tomate, 140 de pomme de terre, différentes fleurs dans le mesclun, etc, etc, etc… Et 3 ânes pour le plaisir.
Des betteraves «rouge» de diverses couleurs.
Des dizaines de variétés de poivrons et piments. Dans le lot, les légumes les plus clairs sont… des aubergines !
Le lendemain, nous avons visité le jardin de Loïc et le magasin à la ferme qu’il approvisionne avec 8 autres paysans. Nous avons pu voir son vieux tracteur porte-outil qu’il a trouvé d’occasion en Angleterre : le fantasme de tout maraîcher bio.
Le gros avantage de ce système, c’est la possibilité de positionner les outils de binage entre les essieux avant et arrière, ce qui permet notamment de bien voir ce que l’on fait, et bien sûr d’être très précis. La fabrication de ce modèle a du s’arrêter dans les années 70. Ce qui se refabrique actuellement est trois fois plus puissant, deux fois et demi plus lourd, un tiers plus long, et coûte le prix d’un appartement…( pas très grand, pas dans un centre ville rénové, d’accord, mais quand même ! ).
Après une dernière visite, le voyage en train a été l’occasion de faire ensemble le bilan des leçons à tirer des pratiques des bretons, ces irréductibles gaulois qui choisissent toujours la solution collective, et avancent à très grands pas. Nous sommes arrivés à Lyon tard dans la nuit : il était temps de reprendre le fourgon jusqu’en Bourgogne…
Pareille escapade méritait bien de supprimer la distribution de paniers de la semaine 45, d’autant qu’au début de la semaine 46 était programmée une journée en salle de la station d’essai de Brindas avec différentes communications de techniciens français et suisses et de chercheurs de l’Inra, des témoignages de paysans, sur la « biodiversité fonctionnelle », l’état actuel des recherches, des pratiques innovantes, etc. Tout un programme…mais pas du tout photogénique !