Parmi les travaux de la semaine, les Biaux Jardiniers ont ramé et taillé le dernier tunnel de tomate.
Parce que oui, ils font plusieurs plantations de tomate sous tunnel. Elles répondent chacune à un joli nom particulier : les premières, celles pour la rentée, les dernières. Ouaou !
Tomates
« Les premières »
ça veut bien dire ce que ça veut dire… mais précisons… ce sont celles qui sont plantées
- assez tôt pour arriver tôt (= avant le rush en vacances) et en quantité plus qu’homéopathique,
- pas trop tôt pour ne pas souffrir au printemps voire geler,
- pas trop tôt pour ne pas « patiner » dans le frais et humide et finalement ne pas arriver plus tôt,
- assez tard pour avoir un bon démarrage de végétation,
- pas trop tard pour ne pas arriver quand tous les clients sont déjà partis en vacances.
« Celles pour la rentrée »
et ben oui, parce que les vacances d’été ont une fin. Heureusement pour les paysans maraîchers – par définition non nomades estivaux – qui finissent généralement pas retrouver mangeurs pour leurs légumes, en panier, en magasin local ou en cantine. Et quand les consommateurs regagnent leur logis, ils « remangent ». Et puis, aussi, bien des mangeurs ne partent pas (ou peu) en longues vacances, et ils font coulis et congelo pour l’hiver. Bref, les suivantes, c’est des tomates, que si t’en as pas à ce moment là, c’est vraiment que t’es un nul. 🙁
« Les dernières »
Ce sont les tomates qui viendront en renfort des « premières », quand elles seront vieillissantes et déjà bien cueillies. Pour faire face à la demande de la saison et aux envies de tomate avant les mauvais jours.
Quelle que soit leur saison de culture, toutes nos tomates sont cultivées bien évidemment sans chauffage et :
sur sol nu et donc biné, pour favoriser le cycle des insectes auxiliaires indigènes.C’est pourquoi elles bénéficient d’un binage manuel hebdomadaire.
avec les allées couvertes d’une toile d’occultation pour limiter le temps de binage,
ramées sur ficelle biodégradable.
Parce que franchement la ficelle bleue, d’abord c’est (…) et puis c’est (moche). Et alors, en plus, quand ça a passé plusieurs saisons en boule accrochée au fil, exposée aux UV, et que ça se répand peu-tà-peu en petits flocons bleus sur la terre, c’est (…). Parce que ça en fait des kilomètres de matière. Donc les Biaux Jardiniers choisissent de s’offrir la ficelle biodégradable que… l’industrie propose.
Étrille
Le Biau Jardinier a réalisé le troisième binage du céleri-rave avec la herse étrille.
– Ouaou, dis donc, encore binage ! ? encore la herse étrille ! ? Il est don maniaque le Biau Jardinider !? Montre nous ça !
– Hé, attends, tu te fiches de moi, là, c’est pas la photo de la semaine dernière, ça !?
– Non non, celle de semaine dernière, c’était ça, tu vois la différence ?
– ha ben oui, d’accord, maintenant, on voit plus les sillons des roues de rappui de la planteuse, c’est vrai. Mais attends, c’est « propre », Y’a pas d’adventices ! C’est pas la peine de brûler du gas oil pour çà !
– regarde encore, tu vois comme il a grandi, le céleri rave, en 8 jours ? Et ben l’herbe aussi elle pousse vite quand c’est la saison. Et puis tu dis pas d’herbe ? Regarde donc d’un peu plus près avant de dire ça. Approche !
Non rapproche toi encore un peu, marche entre les rangs, fais l’inspection de près, regarde, là, par exemple, tu vois ? C’est au même endroit, mais juste en se penchant un peu.
– Ah , oui, j’en vois, mais ben quoi, c’est vraiment pas beaucoup, et puis tout petit ! Ça gêne pas le céleri.
– … Que tu crois ! Sauf que, amaranthe, pourpier, panic… ça va continuer à pousser vite : comme le céleri ! Regarde ce que l’étrille elle a détruit, et pas sur long de planche, hein, juste là où on discute ! Matthieu les a rangées dans sa main : du panic, du pourpier. Du pourpier, y’en a depuis un mois, une plante méditérranéenne que d’habitude, ça nous enquiquine pas avant juillet.
Et là, si tu fais pas avec l’étrille, hé bin si tu tardes pas trop, au début, faudra passer avec la bineuse (mais à ce stade là, le céleri il aime pas trop). Celle qui est guidée (à deux, donc). Ou bien sarcler avec la rapette (comme Ambroise dans les tomates mais comme surface, le céleri, comme y’a zéro toile noire… ça fait beaucoup plus !). Et si on attend un peu plus tard, y’aura puka les arracher manuellement, « au stagiaire et au couteau ». Les taquins appellent çà la méthode chinoise. Nous notre choix de paysans-travailleurs syndiqués, c’est de faire ça « à temps », c’est à dire préventivement, souvent :
- quand c’est facile
- quand ça va vite
- mécaniquement
- avec des outils adaptés efficaces
- qui ne demandent que très peu de temps de travail humain (parce que oui, effectivement, on est bio, paysan, écolo, et en même temps, on pense que le travail, il mérite salaire)
- avec des outils qui ne nécessitent que très peu de puissance donc consomment très peu d’énergie.
Parce que vois tu, le prix du céleri rave livré prêt à être cuisiné, autant te dire que ça n’est pas vraiment nous qui le fixons : c’est plutôt comme-ki-di-rê la main invisible du marché.
Alors voilà, le Biau Jardinier a fait le troisième étrillage du céleri rave. Et il est même bien content du résultat. C’était le bon réglage de tension des ressorts, le bon angle de dents, et la bonne vitesse, pour les conditions de ce jour là. Avec pas vraiment plus d’un seul litre de carburant… Oui, bien content.
Point de vue désherbage, et aussi point de vue structure superficielle (un binage vaut deux arrosage!). Reste à ne pas rater le passage de la semaine prochaine. Et le suivant. Et le sui… Et… Voilà. C’est la saison. À DONF.
BPO
Les adventices, faut pas croire qu’elles ne poussent que dans le carré de céleri. Elles se développent très bien aussi dans les allées permanentes entre les planches filmées en biodégradable.
y’a même des endroits, çà commençait « à craindre ». Alors pour ce travail, c’est la fameuse BPO la barre porte outil autoconstruite qui a été mobilisée : pour sarcler superficiellement ET de façon suffisamment offensive.
Un peu partout dans les légumes fruit : pastèque,
aubergine,
courge.
Plantations
Les Biaux Jardiniers font aussi les plantations de saison, du poireau, du chou. Mais alors qu’est ce que c’est sec. Le repiquage même pas terminé, le poireau baisse déjà le nez au sol. Alors on se dépêche de monter le chariot pour arroser.
Et dans le chou aussi, qu’est ce que c’est sec. Suffit de regarder la photo, on y voit l’enrouleur qui arrose la plantation de chou, et on voit, au fond, ça mouille bien. Ça a une belle couleur de terre qui sent bon. Effectivement. Et devant ?
Ah oui devant c’est drôlement sec !
– « Mais c’est normal, puisque les choux viennent d’être repiqués et que l’enrouleur n’est pas encore arrivé là pour les arroser ! Ah Y s’plaignent toujours de la météo, les paysans. »
– Oui, y s’plaignent toujours ! Mais Non non non… Ce que la photo a immortalisé, c’est le deuxième arrosage. C’est à dire que le carré de chou, il a déjà été arrosé une fois juste après repiquage… LA VEILLE ! Ça fait sec. Ça boit. Ça évapore.
Alors, peut-être que l’orage qui nous tourne autour depuis ce matin va arroser tout çà… en espérant que ça ne casse pas tout ! Parce que les paysans-maraichers, ils arrivent dans le moment où beaucoup de cultures sont déja mises en place pour la saison, et pour le stock d’hiver… et dans pas beaucoup de semaines, il sera trop tard pour recommencer ce qui serait ravagé.
Oui, c’est vrai, ils se plaignent beaucoup, et il n’ont plus assez d’ongles en trop à se ronger. « Ah c’t’année 2022, j’la sens pas ». Mais le foin est bottelé et rentré.
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