En limite de prairie
Les biefs qui collectent les eaux des fossés de la commune marquent la limite de la prairie.
Et c’est par eux que la pluviométrie locale s’évacue un peu… beaucoup… passionnément… ou… pas du tout vite !
En prairie de Seille proprement dite toutes les communes n’ont pas fait le choix d’imposer de limite aux plantations de peuplier. Bien qu’elles aggravent les conséquences des crues par les embâcles et ralentissements que les troncs provoquent. Certaines parcelles sont plutôt riches de biodiversité, par la présence spontanée de plusieurs espèces d’arbres. Tous ces aulne glutineux, frêne, chêne, etc…souvent menés en taillis. Et traditionnellement consacrées à la production de chauffage, et de charbonnette.
Notre Biau Jardin est séparé de la prairie par quelques hectares très humides de prés inondables. Et on peut dire que «des fois, çà arrive pas bien loin».
Notre « zone humide » protégée
Il est fréquent que la Seille soit haute et donc ralentisse le débit des biefs – qui débordent – alors que la Seille, elle, n’inonde pas. Ceci participe à rendre incultivables ces parcelles en bordure de prairie, et le foin est délicat à y faire : les fermiers précédents faisaient pâturer en été jusqu’à il y a une quarantaine d’années. Cette zone – inondable – étant définitivement incultivable, nous avons choisi de gérer ces deux hectares plutôt comme une réserve source de diversité biologique naturelle et une réponse souple à nos besoins paysans. Nous l’avons ironiquement baptisée du terme utilisé en aménagement, patrimoine, et urbanisme : notre ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique)
Nous avons choisi de la valoriser pour
- y stocker de l’eau
- valoriser sa biodiversité
Parcelle inondable
Bassin de rétention
Les eaux de notre drainage sont collectées dans une bassin – non raccordé aux fossés – que nous avons creusé en 1995 pour y ralentir le cycle que le drainage du jardin accélère (détails). Il nous semble que ce grand bassin toujours en eau favorise l’implantation ou le passage de très nombreux oiseaux, qui sans cela ne fréquenteraient probablement pas tant notre Biau Jardin ! Des aulnes glutineux s’y sont développés.
Énergie renouvelable
L’entretien des aulnes pour laisser le soleil pénétrer est nécessaire à la vie aquatique. Une coupe sélective environ tous les 12 à 15 ans permet de produire du bois de chauffage. Une fois transformé en plaquette forestière, cela participe à répondre de manière autonome et écologique à la demande de chaleur des locaux profesionnels et des fermiers. C’est le cycle vertueux de ce mode de chauffage !
Biodiversité
Animale
Les crues de la Seille ensemencent régulièrement le bassin en poisson qui attire le héron cendré, etc… Les batraciens qui s’y installent aident à peupler le jardin de ces auxiliaires mangeurs de limaces.
Végétale
Un grand nombre de végétaux (fritillaire pintade, orchidée, lèche, etc…) s’y multiplient, qui sans ce mode «improductif» de gestion de ces parcelles ne trouveraient pas vraiment leur place ailleurs.
Milieu favorable
Nous prenons soin d’y laisser se développer quelques chênes qui s’y sont implantés spontanément, malgré leur peu d’avenir dans ce milieu engorgé. Mais le but n’est évidemment pas de transformer cette zone de prairie humide ouverte en bois. Car nous travaillons à respecter les caractéristiques propres de ces parcelles ouvertes, riches de la biodiversité des lieux humides situés juste en dessous du jardin.
Il nous semble que cela apporte une ambiance bénéfique pour le jardin, pour ses cultures. Et pour les Biaux Jardiniers aussi, qui sont très attachés à la qualité de leur cadre de vie agricole et rural. Paysans dans une région humide, en bordure de la prairie de Seille, avec tous ses avantages comme ses inconvénients, il nous paraît que la sagesse consiste à l’accepter pleinement.
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