Les Biaux Jardiniers ont participé aux rencontres de l’Atelier Paysan de cet été 2016 près de Cluny (Saône et Loire) en « exposant » leur train de bêches. C’est un outil qui s’utilise
- soit seul
- soit derrière leur cultibutte, à la place de la herse d’origine.
L’expo avait lieu dans le pré «dédié» (comme on dit au XXIème siècle en langage administratif branché).
À noter que le cultibutte des Biaux Jardiniers peut-être affublé du doux nom de « cultibutte de la toute première génération mais modernisé « réf AAC2010/11/AP2015/16//71 500 » 🙂
Autoconstruction, cultibutte, etc…
Premier cultibutte
En effet, les Biaux Jardiniers ont eu à l’époque la chance de participer, avec plusieurs autres « mordus mal rasés »
au premier stage de formation à l’autoconstruction accompagnée. C’est ce qui donnera naissance à ADABIO AutoConstruction, association qui s’est quelques années plus tard professionnalisée par la création de la SCIC l’Atelier Paysan.
=> => Plus de détails sur l’histoire de la démarche par ici.
Remise à niveau
Ils ont eu plus tard la chance de pouvoir participer au premier stage de «modernisation» des cultibuttes de la première génération qui a eu lieu cet hiver 2015/2016. D’ou le doux nom de réf AAC2010/11/AP2015/16//71 500
Le Biau Jardinier avait suivi ce dernier stage pour sa propre formation technique. Et aussi pour y construire des bâtis «vides» dans le but d’y insérer différents outils de finition adaptés à sa propre situation agronomique. Et puis c’est toujours positif de passer quelques jours de stage soudure avec les collègues !
Ces bâtis peuvent donc être attelés :
- soit derrière le cultibutte amélioré par son nouveau système de deuxième triangle (et donc à la place de la herse),
- soit seuls derrière le tracteur, grâce au triangle d’attelage automatique.
Plusieurs «projets outil» sont dans les cerveaux des Biau Jardiniers de Grannod, et bien sûr, seuls certains ont été réalisés : mais pour sa première année d’installation, le jeune Biau Jardinier a déjà dû mener de nombreux chantiers… Et puis il faut garder du travail pour les longues soirées d’hiver ! et les hivers des années à venir !
Deux nouveaux bâtis
Le Biau Jardinier a donc construit en stage et «rempli» à la ferme deux bâtis secondaires de cultibutte :
- un double rouleau de vibro,
- un train de bêches.
Dans les deux cas les pièces travaillantes sont issues de «récup». Ces outils ont été utilisés toute cette saison 2016 avec de beaux résultats, c’est à dire… correspondant à ce qu’on en attendait,
- soit attelés au cultibutte,
- soit en solo.
Rouleau vibro double
Ce montage peut permettre la reprise de la butte et la préparation finale de la planche en un seul passage.
Pour améliorer la finition des bords de la planche sans provoquer d’érosion, les Biaux Jardiniers envisagent d’ajouter deux rouleaux de faible largeur et d’un diamètre plus important. La matière est disponible dans le tunnel sous lequel est rangé le stock de « vieille ferraille qui peut encore servir de minerai d’outils » .Cet hiver ?
Train de bêches c’est quoi ?
Un outil « tendance »
Très tendance, même, mais depuis seulement quelques années, et après une sévère «traversée du désert» de finalement un demi siècle… Commentaire de notre vieux voisin agriculteur en retraite, qui nous avait cédé son train de bêches : «ben oui, maintenant, ils ont des fermes bien trop grosses !»
Un outil « traditionnel »
composé d’un bâti avec un ensemble d’axes sur lesquels sont fixées les pièces travaillantes. Chacune est constituée de 4 lames (de forme et angles «aérodynamiques») assemblées en croix. Ces lames en croix font tourner les axes, montés sur paliers, par la seule réaction du travail superficiel des bêches sur le sol ; il n’y a pas d’entraînement par la prise de force.
Les axes sont comme dans les nombreux outils à disque «traditionnels» installés sur le châssis de façon à ne pas constituer un angle droit avec le sens de travail : dans le but de donner plus d’agressivité aux pièces travaillantes. Souvent dans les cover-crop, le réglage de l’angle de travail se fait avec des vérins. Ci dessous photo de l’adaptation de cover-crop que les Biaux Jardiniers ont réalisée pour le travail en planches permanentes, notamment en y associant le bâti mobile porte disques d’entretien des allées «modèle cultibutte».
Traditionnellement sur le train de bêches, le changement d’angle se faisait par déplacement manuel de chaque axe sur le coté extérieur du bâti, ce qui était rendu possible grâce à au mode de fixation « souple » au centre du bâti.
Le train de bêches roulantes (aussi appelé houe dans certaines régions) a été longtemps beaucoup utilisé en Bresse, car bien adapté à des situations souvent rencontrées dans les limons battants de Bresse.
Deux montages différents
Le train de bêches est utilisé dans deux montages différents.
Montage «national»
Ce montage, le plus répandu nationalement, est celui de 3 paires d’axes assemblés au milieu de l’outil selon le même principe qu’un déchaumeur à disques (travail en biais par rapport à l’axe d’avancement). La partie centrale du bâti était conçue pour permettre de lester l’outil avec de la grosse ferraille, voire des pelletées de terre, comme le Biau Jardinier l’a vu chez un voisin il y a 20 ans (mais comme le Biau Jardin de Grannod n’avait pas de site, il n’y a pas eu de photo de prise…), des vieux morceaux de maçonnerie, etc… ( car les pierres sont rares dans le fossé bressan !).
C’est ce modèle que les Biaux Jardiniers utilisaient au début de leur réinstallation en Bresse, alors qu’ils travaillaient en planches non permanentes avec engrais vert un an sur deux, et donc possibilité de travail du sol perpendiculaire aux planches, dans la grande longueur de la parcelle. C’était à la fin du millénaire précédent… Le train de bêches roulantes permettait un passage de finition ou la destruction d’un faux semis. Il permettait aussi, suffisamment lesté et en plusieurs passages, de détruire et incorporer un engrais vert. Vert, pas jaune !!! [1]Merci au lecteur de méditer cette remarque de Dominique Berry, respectée tête de réseau Rhône Alpes des techniciens maraîchers bio. Elle est extraite de sa présentation « données … Continue reading C’est ce genre de modèle qu’on peut acheter sur les sites de matériel d’occasion, et dont une rapide recherche «sur le net» permet de trouver les photos des divers modèles que l’industrie du matériel agricole refabrique depuis quelques années. Comme quoi…
Montage «bressan»
Dans le montage bressan « typique », il n’y a que 2 paires d’axes munis de bêches en croix. Et le bâti qui, en vue de dessus, ressemble à un losange très fermé, est construit de telle façon que la moitié gauche comme la moitié droite soient mobiles dans le sens vertical, ce qui permettait de reprendre les sols hydromorphes précédemment labourés en billons (ou ados) pour lutter contre l’eau stagnante. L’articulation rendait possible que l’outil suive le modelé créé par le travail d’avant l’hiver.
C’est un exemplaire de ce modèle qu’il y a une dizaine d’années, le Biau Jardinier avait donné à ses collègues maraîchers des Jardins du Temple (nul doute que Joseph en fera quelque chose de bien) plus avancés que lui dans l’autoconstruction d’outils adaptés à la démarche des planches permanentes : les sols maraîchers du Biau Jardin de Grannod n’ont pas besoin des buttes si bombées auxquelles cette forme articulée de bêche est très bien adaptée.
Il y a plusieurs années…
c’est son train de bêches « montage national », modèle à 3 paires d’axes, que le Biau Jardinier avait modifié. Le but : tenter d’en faire un outil de déchaumage des engrais verts mais adapté aux planches permanentes. Il avait donc été réduit en largeur et complété de déflecteurs mobiles sur les cotés.
Mais avec le passage en planches permanentes, la situation avait changé : la faible longueur des planches diminuait de fait la vitesse maxi de travail. L’efficacité en déchaumage d’engrais vert baissant, cela a découragé la démarche. Il faudrait faire quelques autres modifications pour retenter l’aventure ! Plus tard ?
Bâti pour cultibutte.
Par contre dans le bâti de bêches prévu pour compléter le cultibutte, les Biaux Jardiniers ont choisi fixer les axes de bêche parfaitement perpendiculaires à l’axe du travail, de façon à limiter l’agressivité des bêches sur le sol. En effet, le but n’était pas du déchaumage. C’est plutôt un mix entre
- nivellement du haut de la butte,
- exposition à l’air des quelques touffes d’engrais vert non encore détruites risquant de reprendre,
- émiettement,
- aération de surface en fin d’hiver, etc…
Il reste encore assez de matière issue des bêches d’origine pour espérer réaliser d’autres développement d’outils. Plus tard…
Les Biaux Jardiniers sont bien satisfaits du travail que font ces deux petits bricolages,
- non seulement pour une finition avant semis ou la destruction d’une levée d’adventices sur une planche buttée,
- mais aussi pour reprise rapide d’une planche après récolte d’un légume (donc avant d’y semer un engrais vert) sans bourrage grâce aux rouleaux.
Pour ce dernier usage, les Biaux Jardiniers ont aussi utilisé le «roloflex». Et avec grande satisfaction. Il leur faudra en faire un autre article… plus tard ! En attendant, on peut suivre l’évolution de cette pratique chez eux « au jour le jour » par le Tag « expé roloflex »
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↑1 | Merci au lecteur de méditer cette remarque de Dominique Berry, respectée tête de réseau Rhône Alpes des techniciens maraîchers bio. Elle est extraite de sa présentation « données technico-économiques des systèmes maraîchers diversifiés« .
« L’usage qui peut être fait des données doit nécessairement faire référence au contexte dans lequel elles ont été établies, sans quoi l’interprétation en sera probablement erronée. » |
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