À la demande de ses abonnés de paniers, le Biau Jardinier va compléter la composition de ses paniers de légumes par la culture de – notamment – plus de légumes de printemps, d’aromates et peut-être de légumes vivaces. Il a donc choisi de mettre progressivement en culture la partie la plus plate du pré-verger.
Le but est de continuer à disposer de suffisamment de carrés aptes à produire des légumes pour introduire ces cultures supplémentaires tout en maintenant sa rotation extensive à base d’engrais verts pluriannuels systématiques. Le déchaumage d’une partie de cette parcelle avait été réalisé il y a quelques années pour incorporer correctement la prairie permanente en place depuis… quelques générations.
Ensuite, un engrais vert avait été cultivé, puis en 2017 les courges. Après leur récolte, le Biau Jardinier avait semé un engrais vert résistant au gel.
2018, c’est maintenant l’année de l’investissement dans l’aménagement de ce futur jardin. Le Biau Jardinier avait donc commencé par broyer et déchaumer l’engrais vert hiverné en place ainsi que la partie sans légume en 2017.
Parce que nous sommes en Bresse (pays réputé aussi pour ses étangs), et pour y cultiver des légumes dans nos conditions, tant économique que agronomique, il était indispensable de :
- détourner les eaux qui descendent du dessus de la parcelle, des chemins publics en surplomb, et du trop plein de la mare (elle est alimentée en permanence par une petite source située au dessus des jardins). Ça, c’est la partie aménagements ponctuels ou action défensive contre l’inondation par de l’eau extérieure à la parcelle.
- drainer l’ensemble de la surface qui entrera dans la rotation légumes / engrais verts pluriannuels. Ça, c’est la partie action préventive d’assainissement pour un enracinement correct des légumes en maraîchage paysan.
À noter que tous ces travaux, nécessaires chez les paysans-maraîchers, deviennent inutiles chez les adeptes du «maraîchage urbain» (oxymore), un des buzz de cette fin de décade. Buzz qui consiste à cultiver des légumes hors sol / hors terre, dans du terreau industriel monté à grands frais sur l’étanchéité bitumineuse de la dalle béton du toit-terrasse d’un immeuble. Toit-terrasse ventilé par l’odeur (et autres) des ventilos de climatisation et par définition entouré de tous côtés par un espace non bâti, et disposant d’un accès au réseau d’évacuation des eaux pluviales pris en charge par la collectivité…
Pour lire des explications sur l’utilité du drainage chez des paysans-maraîchers bio en Bresse, lire cet article sur notre « base de connaissances ».
Comme tous nos autres drainages, ce chantier a bien évidemment été réalisé par la CUMA Aster : Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole. CUMA qui, au tout tout début des années 1980, avait accepté de se déplacer chez nous pour le drainage d’une première parcelle de moins d’un hectare, ce qui nous avait permis de monter une série de tunnels ; nous leur restons reconnaissants de cette démarche !
Pour ne pas risquer de gêner le travail des engins pour manque de portance si saison pluvieuse, le Biau Jardinier n’était pas ré-intervenu sur le sol après son déchaumage. Çà avait donc très logiquement reverdi. Ne restait qu’à attendre une météo et un planning favorables au drainage. Ce qui est arrivé.
Aménagements en amont
La partie 1 du chantier a donc consisté à enterrer un tuyau de 30 cm de diamètre sur une soixantaine de mètres pour évacuer l’eau venant de l’amont.
On constatera sur les photos ci dessous que
1/ çà a remué pas mal de terre…
2/ «c’était pas du luxe»,
3/ si on prend la peine d’adapter l’itinéraire, on peut préserver les arbres existants.
Ce qui confirme que parfois, l’essentiel du problème vient non pas du format du matériel mis en œuvre, mais de la manière dont on décide de l’utiliser. L’humain semblerait donc garder encore quelque pouvoir sur la machine…valorisons cette possibilité !!! (tant qu’il est possible que çà ne soit pas le logiciel GAFA d’un satellite qui la commande).
Drainage du jardin
La partie 2 du chantier était le drainage proprement dit. Après piquetage sur place en fonction du plan qui avait été dessiné par le technicien lors de sa visite, et des choix faits lors de la réflexion/discussion avec lui,
le travail a été réalisé par le sous-soleur à chenilles. Sa «grande dent» bouleverse moins les différents horizons du sol que ne le ferait une trancheuse à chaîne. Et le petit chaperon vert de comprendre que, si le sous-soleur a une grande dent, c’est pour mieux drainer, mon enfant… (pcc Charles Perrault).
Ça se passe comme çà :
- dans l’espace ouvert par le pelleteuse, le sous-soleur descend la dent à la profondeur requise. Le drain est installé à sa place et retenu manuellement,
- puis le sous-soleur avance, et installe donc le drain à la profondeur guidée par le laser. On constatera sur la vidéo que le travail du sous-soleur consiste à avancer quand le (gros) frein de parking est enclenché… Mais avec suffisamment de chevaux, çà marche sans problème : bonheur de la traction animale…
Dans plusieurs secteurs, il a fallu prendre des précautions particulières et gravillonner pour augmenter l’efficacité des captages. S’est donc posée la question du transport du gravier qui avait été livré, mais évidemment sur la partie carossable de la ferme ; donc assez loin d’où il y en avait besoin… Le Biau Jardinier a pu assurer le transfert avec la benne prêtée par Éric, le paysan boulanger. Merci à lui !
Nous avons donc installé des tranchées gravillonnées notamment dans les «basses», ces modelés ancestraux typiques des prés et terres de Bresse, qui permettaient traditionnellement de limiter l’étendue des excès d’eau et de les évacuer.
Bien que mettant en œuvre de gros engins, çà reste un travail qui demande un guidage de précision.
ainsi que du calme, et de l’attention aux collègues de travail…
Il a aussi fallu faire des aménagements supplémentaires en bas du pré-verger, sur la partie qui est la plus humide en permanence.
et bien sûr poser les drains de ceinture en bord de parcelle ; ce qui, chez les Biaux Jardiniers, signifie le long des haies qu’ils ont plantées. Ce qui prouve donc qu’il est possible de drainer tout en préservant et améliorant le bocage.
La vraie inquiétude de ce genre d’aventure, c’est la météo ! Mais les gros orages n’ont qu’un peu contrarié le planning. Tout le monde a donc bossé dans la bonne humeur !
L’étape suivante va consister à implanter un engrais vert pluri-annuel pour que ses racines colonisent les fissures et structurent le sol, épandre fumier, poudre de roche, mettre en place l’installation d’arrosage, etc… (à suivre !)
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