Dominique Berry est venu pour sa première visite technique de l’année : notre Biau Jardin de Grannod est depuis une trentaine d’années adhérent du Bureau Technique des Maraîchers, Dominique en est le technicien Bio depuis bientôt 20 ans. C’est dire qu’il connaît le jardin… son historique comme
ses travailleurs.
Le Biau Jardinier cotise au groupement à hauteur de 3 visites programmées sur la saison. Dominique vient toujours armé de trois quatre outils, dont deux bien visibles :
- la gouge qui permet de sentir très rapidement la structure du sol et les éventuels problèmes associés, de remonter une carotte de terre pour juger de son état
- le bloc papier pour noter les observations, les propositions, etc… ainsi que les pense-bête avec questions à suivre, docs à rechercher, envoyer, etc… Un exemplaire pour les archives de chacun.
Beaucoup plus discret mais qui ne chôme jamais longtemps («il suffit de traverser l’allée permanente» dit on dans les z’autes sphères…), c’est la loupe : pour chercher la p’tite bête ! Et bien sûr l’opinel qui sert à voir ce qui se passe au milieu du végétal.
Le Biau Jardinier, lui, est armé de ses enregistrements et plan de culture, pour être incollable sur les dates de semis, variété, apport de fertilisant bio, précédent cultural, etc… Et les échanges commencent quand technicien et maraîcher arpentent toutes les cultures du jardin sous tunnels comme en plein champ. Plein champ encore protégé du froid comme dans le carré d’aubergine poivron avec le voile non tissé posé sur arceaux chenilles
ou pépinière de poireau protégée de phytomiza par un voile tissé,
ou plein champ «nu» comme chou-fleur.
La visite permet d’estimer le résultat des petits essais menés, par exemple la modification des distances de plantation de l’ail.
La visite permet aussi le suivi des fumures et corrections décidées à partir des analyses de terre des parcelles dont la conversion bio est terminée. Malgré les difficultés rencontrées, la pousse des engrais verts pluriannuels y montre une terre avec un beau potentiel.
En pleine saison de maraîchage, toute cette promenade, c’est pas un peu perdre du temps, des fois ? Parce que y’a du boulot ! hein !? Et consacrer toute une demi-journée (avec un non-producteur, en plus !) pour observer toutes les cultures, échanger, identifier les problèmes ou les inconnues, entendre un point de vue extérieur, recueillir des infos sur les phénomènes et solutions éventuelles chez les collègues, constater ce qui va et essayer de comprendre pourquoi, identifier un mystère, prendre vit’fait le temps de compter un résultat particulier à la demande, etc… c’est pas un peu perdre du temps, des fois ? Parce que y’a du boulot ! hein !? et pendant ce temps, «ça avance pas !»
Les Biaux jardiniers trouvent que non. La visite de Dominique est un moment fort de la vie du jardin, et une prise de distance rentable. C’est un peu comme les visites «bout de champ» avec 2 ou 3 voire 4 heures de voiture pour 2 ou 3 heures d’observation de jardin avec collègues et techniciens : ça «perd» du temps, ce serait improductif… C’est selon les Biaux Jardiniers une journée autrement productive (et vice versa).
Au point que les Biaux Jardiniers pensent que les costards bleus et leurs divers bras armés (car financés), seraient bien inspirés d’investir réellement dans l’appui aux producteurs bio et à leur organisation de groupe : mais uniquement si ils veulent développer réellement la surface agricole cultivée sans engrais chimiques ni pesticides organiques de synthèse, évidemment bien sûr…