Oui, «vélo d’feignant !» c’est ce qu’a entendu l’ami Jean-Paul, (ingénieur thermicien sans permis de conduire) un jour qu’il pédalait confortablement assis dans le baquet de son tricycle couché sans assistance. «Plantoir d’feignant !», pourraient entendre les Biaux Jardiniers au repiquage. Parce que oui, franchement la nouvelle planteuse,
c’est trop confort.
On alimente les pinces en restant assis le dos bien droit.
On a bien de la place pour emmener un bon stock de plants à repiquer, donc plus la peine de refaire le plein tous les trop souvent.
C’est une machine bien adaptée au petit maraîcher diversifié puisqu’elle est très polyvalente. On peut donc planter «vite et bien» ET sans peine
- des plants à racine nue (poireau)
- des mottes cubiques (chou)
- des plaques de motte auto-construites à la ferme de maïs doux très développé (photo plus haut)
Et c’est plutôt rapide de modifier les différents réglages de densité sur le rang, profondeur de plantation, etc…
Parce que effectivement, les planteuses présentes sur la ferme étant plutôt quinquagénaires, le Biau Jardinier avait décidé d’investir dans plus de confort pour les travailleurs. Et à l’usage, c’est tellement super cool de planter avec cette machine que Vivien peut travailler en chemise blanche (on blanchit bien les tunnels pour lutter contre les grosses chaleurs, pourquoi ne pas se protéger et se blanchir nous aussi ?) et prendre le temps d’observer le reportage en train de se faire, et sans même rater la pose d’un seul chou !!
La machine, italienne, avait été livrée en temps et en heure, un matin pas tard du tout. Matin qui se trouvait être un lendemain d’une des rares journées de pluie de l’année…
Encore une grosse machine neuve à accrocher au tracteur polluant et énergivore, incitant donc quelques uns de nos amis écologistes salariés urbains à nous poser la traditionnelle question :
– «et pi quand y’aura pu d’pétrole, et ben, tu f’ras comment ? hein!»
Ben oui, c’est vrai ça, on n’y avait jamais pensé avant que tu poses la question, merci, mais t’as raison, c’est grave, on va prendre le temps, les neurones et la calculette (c’est l’exercice de calcul genre CM2, on devrait y arriver) de regarder tout ça de près : pour te répondre précis, fondé sur la réalité de la pratique, et «en même temps» ré-contextualiser puisque, toi et moi, écologistes conscients et décidés, nous sommes des pratiquants du «penser global agir local».
– Donc , petit exercice de calcul classique en énoncé question :
SACHANT que (avec un nouvel outil qu’ils ne peuvent que peiner à apprivoiser mais ça va venir) les travailleurs paysans du Biau Jardin de Grannod ont planté en confort environ 40 000 poireaux en moins de 25 heures totales de travail paysan et 40 euros de carburant fossile, pour de l’alimentation humaine, bio, locale, de saison, dans le respect – et la rémunération décente – du plouc en tant que travailleur.
COMBIEN, cher camarade écologiste salarié urbain, penses tu que tu seras obligé de consacrer de ta rémunération horaire pour financer ton alimentation cuisinée chez toi ou dans le self de ta cantine (qui finira quand même bien par en acheter puisque c’est la loi) quand (puisque c’est ta question) elle sera produite sans pétrole ?
Tiens, je te prête ma calculette solaire, puisque ton iphone n’a plus de batterie, et on ramasse pas les copies dans 20 minutes, non, on re-discute in-situ (exo de latin 🙂 ) entre potes de ta réponse.
Nous on te propose même de te déplacer jusque sur place au jardin, au fin fond de nos campagnes sans train proche ni bus régulier et faire ça autour d’une de ces excellentes bouteilles de chez Anne et Jean-Claude, amis viticulteurs de l’Aude. Ils ont fait étape deux nuits chez nous quand ils ont dû venir à Annecy – après une livraison à Beaune avant une à Genève – chercher un pressoir très performant ET d’occasion qu’ils ont – après quelques années de recherche – eu ainsi les moyens de s’offrir pour s’arranger leurs conditions et de travail et de vinification.
Oui, et puis TKT mon ami ! TKT ! Avec la(s) bouteille(s), on préparera aussi salade et légumes du jardin. Pour accompagner la conviviale calculette. Et on pourra se faire du maïs doux, parce que la dernière mise en place du carré a été faite dans la foulée.
Avec la planteuse pétrolo-dépendante. Vite fait bien fait pas mal au dos, jolie production à prévoir. On va se régaler !
D’autant que depuis leur plantation, les poireaux, ils ont plutôt vite poussé. Le Biau Jardinier les a binés plusieurs fois :
- seul à la herse étrille,
- à deux avec la bineuse guidée,
- ou seul en auto-binage avec la barre porte outil auto-construite.
Évidemment avec le tracteur pétrolo-dépendant.
- Pour un coût de carburant – qui a triplé en moins d’un an – inférieur à 1.50 euro par binage.
- Et avec son temps de tractoriste à rémunérer décemment.
Et puis grâce à la Seille (qui des fois nous inonde, et c’est très embêtant) et à l’investissement des anciens dans la création d’un réseau d’arrosage dans les années 1960, les poireaux ne sont pas trop en situation de stress et poussent pas mal malgré les chaleurs comme on est raccordés à «l’eau des maraîchers».
C’est assez joli. Des variétés population d’auto-production locale… on va se régaler ! Peut-être en tarte, ça accompagnerait bien une bouteille d’Anne et Jean-Claude quand on causera calculette ensemble ?
Ben oui, plantoir de feignant ! Bon appétit ! À nous tous !
* * * * *