C’est plutôt agaçant la météo qu’on a très régulièrement cette saison. Son plan semble le suivant : pendant plusieurs jours chaque semaine, il pleut plutôt pas mal beaucoup, puis pendant quelques jours, il fait chaud et venteux et ça sèche plutôt pas mal violemment (= très – et uniquement – superficiellement). Résultat dans notre activité agricole : pas mal de travaux sont très régulièrement « empêchés », puis il y a trop peu de temps pour faire – dans des conditions souvent « limite » – ce qui est à faire quand le temps a changé… en se dépêchant avant les prochaines pluies annoncées. Conséquence : les Biaux Jardiniers se sont mis en vacances sous les pluies du temps frais, et il a fallu que Matthieu bosse « à fond » les ouiquindes. Comme quoi, quand on y met du sien, 🙂 il n’y a pas besoin d’une semaine de travail 🙂 pour faire les 35 heures… 🙁
On se plaint, mais ça reste quand même plus facile que de produire olives ou agrumes en Palestine, hein.
Donc, avant de partir pour un petit break, Matthieu avait ouvert les occultations des semis récents de panais et de carotte,
À son retour, c’était bien sorti du côté des carottes
et quelques jours après, on voyait bien les rangs.
Le panais, qui a une levée plus capricieuse et échelonnée, a commencé à pas mal sortir, à son heure, mais… sous le vent et le soleil, le premier centimètre de notre terre limoneuse forme en séchant une petite croûte « de battance », apte à empêcher les germes de sortir de terre et profiter du soleil. Dans ces cas là, les Biaux Jardiniers branchent l’arrosage – bas débit – pour plusieurs minutes, ce qui adoucit la terre de surface.
Et la levée des panais se poursuit assez sereinement.
Le Biau Jardinier, lui, est évidemment moins serein, parce que, après bien des pluies, arroser une ou deux fois, même si très modérément, avant l’arrivée certaine de pluies, tout ça, c’est quand même une prise de risque d’asphyxies ou maladies des fragiles plantules.
Pour arriver à tout faire malgré la météo, les Biaux Jardiniers se mobilisent pour valoriser au mieux les quelques périodes sans pluie, et on s’y prend même dès que c’est possible « de passer », voire un peu avant ! C’est un des privilèges qu’apporte la technique du travail en planches permanentes que nous avons mis en place depuis les toutes premières années de ce millénaire. On bénéficie de la jolie structure des planches, jamais « éprouvées » par les roues de tracteur, pour y planter les salades, en marchant dans des allées tassées et mouillées que nos bottes ne craignent pas de « pautricher » (verbe du premier groupe).
Ça n’est évidemment pas très satisfaisant, pour l’œil notamment… mais pour la salade plantée au bon stade, et son futur mangeur qui va s’en régaler dans quelques semaines, c’est différent ! [1]et pour le banquier aussi
Autre activité possible quand le jardin est mouillé : l’atelier ! Outil incontournable et très sollicité chez le maraîcher qui cultive beaucoup d’engrais vert, le broyeur à fléaux, qui va gaillardement sur ses 30 ans, demandait à haute voix qu’on lui change un roulement.
Comme il vient régulièrement travailler à l’adaptation d’un vieil outil motorisé de binage, c’est Jean-Charles qui s’en est chargé : à l’abri.
Et quand ensuite ça a commencé à ressuyer, puisque certaines planches en engrais verts devaient être préparées,
et bien le broyeur était prêt à travailler, lui aussi,
et puis on a pu passer tout de suite un coup d’outil pour incorporer tout ça. C’était bien.
Parmi les autres activités de saison, les Biaux Jardiniers ont enlevé les voiles thermiques et arceaux chenille dans les carré de chou-fleur précoce : comme si c’était maintenant le printemps…
Point de vue fumure, la fertilité de notre jardin marche sur ses deux jambes, alors de même qu’il y a eu broyage incorporation d’engrais verts, Matthieu a aussi fait une session épandage de fumier. Pour la première fois, ce travail a été réalisé avec le « nouvel » épandeur : un vieux matériel tout métallique dont les roues sont à la cote exacte de nos allées permanentes qu’il a acquis à un collègue par échange contre un autre vieux matériel, un genre de troc gagnant/gagnant.
Les premiers résultats sont assez probants :
- il en déborde relativement peu dans les allées pour un outil sans volets de réglage
- les hérissons travaillent assez finement et épandent bien régulièrement.
Donc pour l’instant, il ira très bien comme ça..
Sous tunnel, les Biaux Jardiniers en avaient préparé un pour des tomates rondes, et installé
- la toile noire de paillage uniquement sur les allées,
- les gouttes à goutte sur les planches
puisque, plutôt que de tout bâcher, nous préférons laisser cette terre disponible aux auxiliaires qui ont besoin de s’y enfouir pour boucler leur cycle, 🙂 quitte à assurer les binages hebdomadaires manuels 🙁 sur le rang. La nouvelle série de plants de tomates qui s’acclimataient tranquillement dans leurs gros godets dans la serre solaire
a été mise en place par Émilie.
Les derniers binages de plein champ, chou-fleur, pomme de terre, etc… dont l’efficacité avait été vraiment contrariée par les pluies,
les Biaux Jardiniers ont profité des quelques instants de sol ressuyé et de ciel bleu « garanti » sur 2 jours pour les refaire. Ça a fait bien du bien !
Les acacias (non : robiniers faux acacias, rectifie le botaniste) ont entamé une belle production de fleurs, dont les premières ont été rapidement démolies par les intempéries, mais les suivantes sont assez jolies, Camille avait amené des ruches dessus (non : dessous, dit l’homme-e de bon sens).
Elles ont eu quelques très belles journées pour bien travailler. C’est déjà çà,
mais une chose hélas est sûre : la météo promet une fin très rapide de cette floraison si agréable.
Bref, pas facile facile…
- Arroser entre des pluies trop fréquentes pour que ce qui germe puisse sortir sans encombre lors des quelques journées de soleil…
- Biner très souvent en sachant que ce ne sera que à moitié efficace…
Même si, à force de travail et d’organisation,les Biaux Jardiniers ont pu enfin terminer le déchaumage des Sablons
puis monter les planches, puis les chauler…
Même si, à force de travail et d’organisation, les Biaux Jardiniers continuent à produire une assez jolie gamme pour
nos abonnés de paniers Guillamap ou ceux d’Alterconso, les rayons du Biocoop de Chalon, et la restauration hors foyer par BioÀPro.
Quelle « drôle » d’année !
Enfin… l’agriculture française, comme ses agriculteurs devenus cette année pas plus nombreux que les personnes sans abri, dispose – pour se consoler de ses problèmes météo-psycho-économico et sociaux – de la valse des suppression de mesurettes dite « agro-environnementales » et autres contrôles que le syndicalisme dit majoritaire, impose aux consommateurs d’alimentation nationale et citoyens locaux, en harmonieuse concertation avec la macronie, anti-bio décomplexée,
« Bon appétit, Messieurs.
O ministres intègres !
Conseillers vertueux ! voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que d’emplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe ! (…) »
Ruy Blas (1838) Victor Hugo, dit Totor, éco-terroriste barbu et radicalisé sur internet.
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↑1 | et pour le banquier aussi |
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