Voici notre bilan de 2023 en Bio
– sur notre ferme à taille humaine
ET
– au delà des bornes du jardin.
Comme d’hab, on peut avoir
plus d’infos illustrées
en cliquant aussi sur les photos !
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Comme paysans-maraîchers Bio, en 2023, on a été tout de suite balancés dans le vif des sujets de l’année par « en même temps »
- là haut, sous les ors de la République (libertégalitétc…) « Qui aurait pu prédire la crise climatique ? » osèrent les vœux présidentiels le 31 décembre 2022 photo (c) AFP/Julien de Rossa) (« Allô Jupiter, ici la Terre : il fait 22°C à 22 heures, un 1er janvier », commenta, laconique, le climatologue Christophe Cassou).
- ici bas, sur terre où manants travaillent à nourrir, hiver TRÈS sec, donc travaux de sol précoces et faciles, MAIS…
- et logiquement « en même temps » démarrage précoce des arrosages… et conviction de conflits d’usage « eau » à venir => « Les tensions vont aller s’aggravant » analysaient Pierre Bitoun et Yves Dupont à nouveau il y a… 4 ans. Qui aurait pu prédire ? hein ?? [1] « peut-être ceux qui s’abaissent à observer la terre et entendre les scientifiques » répondit l’écho
Alors les 10 premières semaines durant, on a travaillé, arrosé… et attendu la pluie… travaillé, arrosé… et attendu la pluie…
En ce début d’année aussi, au delà des bornes du jardin,
- plusieurs associations dont UFC Que Choisir et la FNAB Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (notamment) ont déposé un recours en Conseil d’État pour tromperie contre l’allégation marketing HVE.
- Les betteraviers conventionnels ont obtenu des subventions supplémentaires pour accepter de ne pas utiliser un insecticide interdit.
Cette sécheresse précoce a été interrompue fin mars – début avril par quelques « pluies grêleuses » : les préparations de sol ont été faites « entre les gouttes », les binages et buttages en retard, et à part le coup de froid des Saints de Glace
on a eu mai et juin TRÈS secs.
Mais avec pas mal de travail et d’adaptation aux exigences météo les récoltes printanières ont été belles à la satisfaction du « Prince de Bre… sse »
Pendant ce temps, au delà des bornes du jardin, notre amie Bénédicte Bonzi publiait son livre « La France qui a faim : les pauvres doivent ils se contenter des restes ? » et en parlait sur France Culture et Arte.
Engrais verts, bandes fleuries et auxiliaires comme débuts des cultures ont bien profité : dans nos conditions de maraîchers disposant d’arrosage, çà n’était pas encore catastrophique en début d’été.
Mais un juillet bien garni en pluies a énormément compliqué les binages : les adventices n’ont jamais pu être maîtrisées à 100% au stade précoce, garantie d’ennuis – et de travail supplémentaire et souvent manuel- à venir !
d’autant que coté maladies et parasitisme, c’était vraiment pas facile.
Pendant la sécheresse estivale, le circuit collectif d’arrosage, toujours sexagénaire, fonctionnait correctement… entre les pannes… Réformes sociales aidant, il doit lui aussi vieillir au travail jusqu’à 64 ans, [2]lui aussi, le pourra-t-il ? dans le silence assourdissant des parleurs du « local », des Plans Alimentaires Territoriaux et autres transitions, relocalisations des productions et de l’emploi.
Cependant que, au delà des bornes du jardin, l’UFC Que Choisir soutenait la démarche de l’Agriculture Biologique (en la citant en toutes lettres !!!) et demandait l’application du principe pollueur payeur, en deux minutes sur France Culture :
Plus d’infos :
L’actualité du sujet « eau » a été l’occasion de publier dans la base de connaissances
une « série » autour du trop et du pas assez d’eau, et de ce que font les Biaux Jardiniers sous le titre « Stop la maltraitance végétale ». Et on a fait un résumé :
Les températures et sécheresse vraiment très très élevées en août
ont évidemment été très défavorables aux légumes de tendance « océanique » genre chou, céleri, poireau, etc… Là encore, les Biaux Jardiniers « s’adaptent », eux, leur corps, leurs horaires…
- mais ça a été très dur, pour des résultats seulement « honorables » mais de la « casse » dans les tomates,
- mais… la Bourgogne agricole a été « honorée » d’un passage ministériel dans un institut viticole, occasion pour le dit ministre de se demander en public que faire et de se répondre que les sécheresses se renouvelleraient dans l’avenir… Occasion aussi pour les journalistes de FR3 de visiter « le terrain » et d’interroger Matthieu [3]on leur souhaite d’être toujours en poste !
À la rentrée scolaire, les lieux réels et leur état nous ont confirmé par les faits ce que l’on pensait dans nos têtes de ploucs, mais « ça rassure de voir » :
1/ => C’est par des choix dits « politiques » que passent le développement de la Bio sur le terrain et sa consommation par tous, et ça marche comme par exemple dans les cantines de l’agglo de Lyon avec BioàPro, coopérative dans la gouvernance de laquelle Matthieu s’est beaucoup investi.
2/ => Les haies bocagères qu’on voit peiner depuis plusieurs années souffrirent de plus en plus : là aussi, ça s’accumule !
3/ => sur le terrain productif et après l’expérimentation/mise au point de la culture en planche permanente (lien) celles des bandes fleuries pour auxiliaires (lien), etc… nous devons continuer à nous investir dans la recherche des techniques Bio adaptées et productives. Et cela irait mieux et plus vite si des fonds publics, nous aidaient dans nos recherches sur le terrain de nouvelles perspectives.
plutôt qu’à des réductions de taxe sur le carburant tracteur et les pesticides chimiques de synthèse,
Au delà des bornes du jardin, en octobre, on s’est souvenus des vingts ans d’absence du chanteur compositeur des chansons écolos-agricos « les oiseaux mécaniques » et du « département 26 » : à écouter !
La sécheresse d’été prolongée avait permis les aménagements des parcelles acquises et converties en 2019.
juste avant octobre et l’arrivée des pluies,
avec en novembre celle d’un genre de « mousson » qui a
- énormément retardé les récoltes,
- bien compliqué le travail,
- beaucoup sollicité les travailleurs,
- et fait plutôt du mal à nos légumes… et leur future conservation
Les semis d’engrais verts – pour ceux qui ont été réussis – en ont vraiment beaucoup souffert. Il nous restait à préparer le jardin pour l’hiver,
et pour clôturer 2023 deux « petites crues normales » de la Seille,
de celles qui noient la prairie et les chemins, coupent le pont de l’écluse, mais pas vraiment plus.
Au delà des bornes du jardin, alors que l’année 2022 se terminait par la mort de Catherine Le Jeloux, une des chevilles ouvrières de Payzons Ferme, l’association des paysans Bio pionniers du plant de pomme de terre et d’échalote,
fin 2023 voyait la disparition
- de Michèle Rivasi, dénonciatrice des mensonges d’état sur Tchernobyl 1986
- de Pierre Lieuthaghi, « l’homme qui aimait les plantes » . Écouter sa magnifique conversation avec Ruth Stégassy
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Globalement et au bilan de 2023, nous sommes particulièrement inquiets
- de la faible fiabilité des prévisions météo qui nous concernent
- des évolutions climatiques que, comme nos collègues des autres régions, nous subissons [4]rapports du Giec : « … on sait que les très longues périodes de sécheresse sont interrompues par des épisodes de pluies très intenses, dues à des températures plus chaudes et un air … Continue reading et auxquelles nous devons nous adapter, sans références historiques, pour assurer les récoltes futures.
- de la disparition progressive de l’appui technique Bio, des aides à la formation Bio et à l’échange entre professionnels du maraîchage.
Et la « crise du Bio » ???
Un sujet qui a fait quasi toutes les « unes » de 2023 : « crise chez les bio ». Avec titres ronflants : « fermetures en série de magasins bio » « marasme chez les bio ». Jamais depuis une génération radios, tvs, journaux papier ou pixels n’avaient autant parlé de nous, notre travail, notre métier, notre action sur le milieu naturel ou la société.
Il y avait pourtant dans l’actu
- pas mal de sujets « aigus » à éclairer pour les citoyens : des disparitions de fermes de polyculture-élevage et suicides en agriculture dite ‘conventionnelle »
- bien des sujets « de fond » à traiter pour les électeurs et contribuables : ravages de la chimie de synthèse subventionnée sur la biodiversité, la qualité de l’eau, la santé physique et mentale des agriculteurs et des consommateurs, l’état des sols nourriciers, les énormes volumes de budgets publics mobilisés pour continuer en ce sens, et y compris pour réparer les dégâts des coups de main violents, destructions, incendies, etc… tous jamais poursuivis en justice… des deux syndicats de l’agriculture majoritaire, etc… etc… etc…
Mais non : sur tout cela, silence radio. Va t’en comprendre !
On avait seulement dans la presse
- à chaque rentrée scolaire le baromètre d’une association de familles expliquant que le bio c’est trop cher car plus que le discount,
- et puis « tous les pas souvent mais de temps en temps » une pseudo enquête théâtralisée genre « émission vérité » tentant de provoquer du buzz en montant un scandale façon sodomisation de diptères ou film touristique sur pas grand chose de réel.
Bref.
Mais cette année, « les média » ont fait tourner en boucle des brèves de comptoir d’info aussi construites et raisonnées que des tweets de président US avec chiffres choc et titres du style : « Vague de déconversions chez les bio » laissant entendre qu’il s’agit de retour tendanciel à la chime. Alors que si on « perd du temps » à regarder…
exemple en Bretagne : effectivement, 2.8 % des fermes se sont déconverties entre 2022 et 2023. Parmi ces 2.8% :
- un tiers pour droit à la retraite, qui reste encore un droit,
- un tiers pour arrêt d’activité, ce qui est aussi une possibilité dans une vie professionnelle,
- un tiers pour arrêt de certification. [5]qui semblerait concerner principalement les reconversions aidées les plus récentes
Ça relativise… [6]Pendant ce temps, quel pourcentage de disparition définitive de fermes en conventionnel ? À la louche pas loin de 50% tous les 25 ans depuis 1945
Rappel d’un « détail de l’histoire »… Une des premières mesures écologiques de la macronie [7] l’anti-bio décomplexée à peine élue au palais fût d’annoncer, lors de « Tech&Bio » dès septembre 2017, la suppression des aides au maintien en Bio, avec le soutien préventivement proclamé de l’agriculture conventionnelle biberonnée à la subvention publique depuis 50 ans (FNSEA, Coop de France) dès juillet 2017 : « Il faut que le marché rémunère le bio. Il serait bien qu’il n’y ait plus une aide au maintien spécifique. »
Une belle information/analyse sur l’état de la Bio en France a été diffusée sur France Culture à partir de données chiffrées, d’enquêtes de terrain, d’interview de personnes qualifiées.
- Laure Verdeau Directrice de l’Agence bio
- Charlie Brocard Chercheur à l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales)
2 minutes pour donner envie d’aller y voir :
- Chercher les marges spécifiques bio en grande distribution
- Informer le consommateur notamment de la différence entre label Bio efficace, contrôlé et allégations marketing
- Former les cuisiniers à cuisiner Bio (puisque la loi Égalim doit être respectée).
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La « crise » chez nous ?
Côté état du Bio au Biau Jardin de Grannod et vente de nos légumes, nous sommes satisfaits sur l’ensemble de notre commercialisation :
- notre amap « historique » (2006 !!!) la Guillamap, les amapiens solidement revenus en nombre au niveau d’avant covid voire un peu plus,
- la coopérative de paniers Alterconso avec ses paniers dans 14 quartiers lyonnais, qui était à moins 30 % de ses chiffres d’avant Covid a remonté la moitié de la baisse de paniers,
- le magasin Biocoop de Chalon – Chatenoy le Royal nous apporte une belle progression des ventes dans une relation transparente, équitable et dynamique.
- Bio À Pro, notre coopérative locale de producteurs qui livre les professionnels-elles de la restauration en direct de nos fermes, nous apporte des ventes en forte hausse avec une organisation collective, une planification bien établie, dans le contexte du choix politique des élus locaux responsables d’augmenter la part de produits bio et locaux dans la restauration collective.
Ces beaux résultats, en cette année [8]dite de crise bio, qui était pour nous une période de consolidation, préparant de nouvelles évolutions à moyen terme, nous conforte dans nos pratiques et nos valeurs : l’humain au lieu de la chimie
notamment :
- des circuits de vente diversifiés et complémentaires, basés sur la force du groupe et la solidité de la transparence équitable
- une volonté de prix justes et accessibles au plus grand nombre,
- une agronomie de l’observation par l’ouverture à l’adapation,
- une organisation du travail assez précise et souple
- une équipe de travailleurs tous rémunérés. Et bien.
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Sur nos sites en 2023
Côté information et transparence Bio, en 2023,
sur Biau Jardin de Grannod point FR
=> on a assuré sur la partie blog, en 2023, la grosse quarantaine d’articles du mercredi autour de la vie des Biaux Jardiniers au jardin,
=> et continué à mettre à jour le livre « la ferme ».
sur Çà Se Cultive point FR
=> la base de connaissances, qui compte déjà 50 saisons répartie en une huitaine de « séries », a été complétée par
- « À la mode de chez nous » une « série » en 3 saisons sur les plantations de légumes
- « Un des charmes du maraîchage, c’est qu’on sème souvent« , en 3 saisons aussi.
=> la bibliothèque des Biaux Jardiniers d’une dizaine de « pages » a été complétée par la mise à jour ou la création des pages
- « Culs-Terreux et Kultureux : chansonnettes légumières, agricoles ou rurales«
- « Des siècles d’agriculture, toute une histoire«
=> le blog a signalé une trentaine d’informations concernant l’agriculture et/ou la Bio au delà des bornes du jardin.
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En cette période de vœux, ces jours où, à Matignon, une ancienne socialiste adepte du grand vide écologique est remplacée par un ancien socialiste qui ignore l’écologie, nous vous (…?!) nous nous (…?!) et bien… nous… nous… nous entamons 2024. Toujours en Bio déterminée.
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↑1 | « peut-être ceux qui s’abaissent à observer la terre et entendre les scientifiques » répondit l’écho |
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↑2 | lui aussi, le pourra-t-il ? |
↑3 | on leur souhaite d’être toujours en poste ! |
↑4 | rapports du Giec : « … on sait que les très longues périodes de sécheresse sont interrompues par des épisodes de pluies très intenses, dues à des températures plus chaudes et un air chargé d’eau précipitable. On assiste en réalité à une extrémisation du climat qu’on avait prévue. » (( extrait de citation Cassou |
↑5 | qui semblerait concerner principalement les reconversions aidées les plus récentes |
↑6 | Pendant ce temps, quel pourcentage de disparition définitive de fermes en conventionnel ? À la louche pas loin de 50% tous les 25 ans depuis 1945 |
↑7 | l’anti-bio décomplexée |
↑8 | dite de crise bio |